Bold Cheats (3)

Publié le par Reveur

-        …restons amis quand même !!
Ouai..!! C'est mon slogan de toujours.. Je sais depuis toujours que la plus difficile des choses est de sauvegarder une amitié. Je n'avais plus de portable et pourtant, quand j'empruntais un appareil pour consulter mes appels manqués, je composais souvent ton numéro et je raccroche aussitôt, je voulais que tu saches que je reste toujours l'ami et que je pense toujours à toi...
Ton poste tombait en panne, tu savais le réparer mais tu as poussé ta sœur à m'appeler pour venir à ton aide. Pourquoi n'as-tu pas le courage de m'appeler ou bien c'est ton narcissisme de femme de ne pas céder ? J'ai fait semblant de ne pas m'apercevoir et samedi, je t'attendais à la gare où tu m'as pris pour un déjeuner soigneusement préparé et que j'ai beaucoup apprécié..
J'ai ausculté ton ordinateur mais le disque était probablement grillé et il n'y avait pas grand-chose à faire.. Nous avons discuté tous les trois pour un moment, nous avons rigolé un peu et j'ai retrouvé un peu la bonne humeur, j'étais vraiment heureux..
Je dégustais le café amer que ta sœur a préparé, je ricanais, j'étais assis et elle s'est glissée dans le peu d'espace qui me séparait du bureau, j'ai enlacé amoureusement son corps, j'aimais ta sœur et elle me rappelais toujours mon enfance, cette petite gamine en elle me fascinait, j'aimais qu'elle soit ma fille, mon amie et la femme que je peux rendre heureuse par mon affection. Toi, tu étais la femme que je ne peux pas toucher la main, quelque chose m'empêchait.. Je regardais ton visage impassible et je me demandais sur ton envie de me voir, rien ne filtrait, si c'est de l'amour, il était un amour silencieux qui étouffe, si c'était un simple envie, il était étrangement amorti..
 
Il était tant que je parte. Nous avons marché tous les trois, je combattais mon malaise. Pourquoi suis-je venu ?! Je n'en sais pas trop. Peut être avais-je voulu démontrer que je suis toujours disponible et que je reste toujours l'ami.
 
Votre compagnie me plaisait et j'ai préféré sillonner les ruelles de la ville, j'avais encore du temps et je sentais une certaine joie de me voir avec deux belles créatures qui m'aiment. Ta sœur tenait mon bras dessus dessous et j'ai saisi la tienne, je vous ai amicalement serré toutes les deux tout en marchant, je disais que je suis heureux de vous avoir les deux en un et j'ai raconté une blague..
Quand nous avons logé la petite ruelle qui longeait les railles du métro, j'ai voulu te protéger des voitures qui passent, nous marchions corps à corps et j'ai tenu accidentellement ta main, elle était brûlante et elle transpirait, elle était d'une douceur qui soulageait.. je parlais des futurs jobs, de ton dossier et des concours que tu ne devrais pas rater, je parlais de mes connaissances et des gens à qui je peux téléphoner, mais ta main étais toujours brûlante et suave et j'ai oublié de la lâcher, tu as fini par la retirer et j'ai regretté de l'avoir tenu plus qu'il fallait..
 
Nous avons marché longtemps tout en discutant, des petites bagues et des rires et puis, le discours a inévitablement dévié, c'était face à ce grand magasin, et puis t'as répliqué :
-        Tu confonds toujours les choses !!
-        Et tu feras une mauvaise épouse, t'es impatiente et peu tolérante, mais… tu es toujours mon amie..
Et tu as relis mes messages.
-        Tu dis parfois n'importe quoi !!
Ouai.. Je suis toujours le fautif. Précocement, je n'avais plus envie de cette magnifique ballade et rentrer devenait ma seule envie. A quoi sert de défendre un sentiment blessé et que tu n'as pas reconnu.. Aime-moi comme tu veux, comme tu peux, je serai tout simplement toujours l'ami.
Par malchance, tous les louages qui passaient refusaient de me prendre, et à l'arrêt du métro, j'ai payé un ticket pour ta sœur, toi, tu avait toujours ton abonnement. Il était tard et tu t'es laissée prendre par une discussion au guichet, j'ai suffisamment attendu avec ta sœur mais tu as trop tardé et je devrais partir. J'ai voulu regarder droit dans tes yeux pour la dernière fois et te souhaiter une vraie bonne nuit mais tu m'as en quelques sortes négligé.. J'ai emprunté la rue qui menait tout droit à la gare où une voiture m'attendait..
 
Je déprime. Pourquoi ai-je cette vague interminable de déprime comme un hiver nordique qui dure ? Cheat !! Je voudrais être joyeux comme tout le monde et je n'arrive pas, quelque chose en moi est fatalement abîmée. Comment faire ? J'en ai assez !! Je suis toujours harassé par la rudesse d'une vie qui se ressemble dans ses jours et dans ses nuits, une simple copie d'une copie d'une copie.. Je passe mois après mois à attendre le vingt deux pour pouvoir échapper pour un après midi où je peux admirer un café à deux, si ce n'est pas toi, c'est ta sœur ou mon ami que je t'ai présenté..
 
-        Un jour, je vous prendrai toutes les deux en ballade pour une journée entière !!
Ai-je vraiment envie ?! Et comment va se passer cette ballade.. Avec cet air exaspéré qui nous enveloppe chaque fois que nous nous retrouvons. Avec toi, je ne trouve pas la liberté d'oublier mes supplices et ton visage délabré me rappelle toujours ma misère et moi qui voulait tenir ta main et courir comme deux petit gamins, écrire sur le sable ton nom et attendre venir les vagues l'effacer, je l'écrirai encore une fois et je construirai une digue pour te protéger..
Non, je ne peux plus être ce petit enfant qui aime tremper ses pieds dans l'eau, ramasser les coquilles et courir après toi, attraper le bout de ta chemise qui se déchire sur une douce poitrine que j'essayerais de cacher avec mes mains et le toucher de ta peau ferait monter mon adrénaline et tu t'éloignerait pour me fuir de nouveau..
Non, ce n'est plus le temps. Juste une ballade et si seulement je pourrais reposer mon corps flapi sur le sable et mon regard se perdrait dans le bleu du ciel et les acrobaties des mouettes.. Toi, deux mètres de moi, tu enlèves tes sandales et tu enfouis tes pieds dans le sable mouillé après le retour des vagues échouées.. Tu me parles des choses que n'entends pas, ta voix me parviens confuse mais douce, milles autres pensées me prennent et je me perds dans le bleu infini..

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