Besoin d'aimer

Publié le par Reveur

Elle était en détresse..
Du moins ce que j’ai senti. Cette fille qui abrège toutes les contradictions d’une femme contemporaine de trente huit ans. La veille, elle était magnifiquement gaie et regorge d’ambitions et d’espoir. Elle aimait la vie et n’a manqué aucune envie et quand elle m’a parlé de ses voyages, ses livres, ses études et les langues qu’elle apprenait, les cuisines qu’elle sait faire, la robe de princesse qu’elle s’est payée de paris, sa grande famille, son enfance, son boulot qu’elle adore.. Quand elle m’a parlé comme si j’étais son vieux copain, j’ai trop aimé ce genre de fille qui vient de nulle part et j’ai maudit le vieil homme en moi qui renonce à la vie..
 
Je savais que trente huit ans ne peuvent pas être un fou bonheur qui ne finit pas, des séquelles auxquelles on ne peut pas échapper ont certes affecté quelques uns de ses jours et la disparition d’une personne assez chère tel qu’un père ne peut se passer sans affecter le plus profond de nous et ne peut jamais être remplacé.
 
Voilà maintenant plus d’un mois qu’elle vient chaque jour m’apporter la joie matinale et il y a toujours du charme quand nous discutons. Chaque matin, quand je prends mon siège dans le bus de l’école, j’ouvre l’alchimiste à la page où j’ai fini ma lecture la veille et je sais que c’est elle qui m’en a fait cadeau, je souris et j’imagine qu’elle va s’en apercevoir comme si je glissais un émoticone dans l’éditeur du Skype.
 
Je lui parle de mes jours, les choses que je fais chaque jour, de mes enfants, mon épouse que je lui dit pas même Bonjour, mes week end que je passe parfois chez mon amie et au milieu des fichiers sur lesquels je travaille, je trouve toujours un petit temps où je lui parle. Quand elle tarde de répondre, j’arrête de travailler, je reviens sur ses lignes et j’admire sa façon de parler.
 
Quand d’autres amis passent me voir, je la préfère.
- Je veux mon texte, dit-elle, et j’adore.
La nuit, je reviens à mon PC, j’ouvre son texte et je tape pour lui faire plaisir et j’aime ce temps où je m’assoies à mon clavier, je mets une musique que je suis sûr qu’elle va aimer et j’imagine qu’elle va jaillir de mon taskbar pour me dire : coucou !!
 
Dans ma chambre, je mets toujours mon bureau face à la fenêtre qui donne sur une petite cours, le jasmin de mon voisin souffle un air parfumé et je regarde cette portion du ciel où j’arrive à apercevoir des étoiles lointaines scintiller quand l’abat-jour de la rue s’éteint après minuit. J’ai confisqué la chambre à mon fils, son lit aussi mais ses affaires traînent encore partout et on se dispute tout le temps cette mauvaise habitude de laisser ses cahiers et ses magazines partout, le câblage de l’ordinateur toujours enroulé, les restes de sa nourriture qu’il aime prendre sur le clavier et les CD éparpillés.
 
J’admire cette musique de « Ennio Morricone » jouant la célèbre pièce de « Chi mai » et je m’arrête pour un moment. En voilà une musique qu’on aime écouter avec quelqu’un. Mais pourquoi cette fille est-elle si chaleureuse et tient tant à mon amitié ? Moi aussi j’y tiens !! Pourquoi donc est-ce que je pose ce genre de question ?? L’amitié, c’est quoi au juste ? C’est juste ce temps que tu aimes passer avec quelqu’un.
Je me suis toujours demandé sur la nature d’une amitié qui peut s’établir entre un homme et une femme et j’ai tant voulu me débarrasser de mes hormones pour juste avoir ce temps où je peux dire à une femme « Chérie » sans qu’elle soit vraiment ma chérie, que je partage avec elle un café ou un jus et la contempler pour des longues heures et admirer sa présence sans me rendre compte qu’elle un corps qui peut m’appâter, que je lui dise en se quittant « je t’embrasse » sans que je veux vraiment saisir ses lèvres pour activer mon adrénaline..
Il y a tant des choses qu’on peut causer avec une femme loin des paroles usées de séduction : la lecture, les voyages, les rêves, les souvenirs, des rires ça et là en se rappelant d’un évènement lointain et des conneries qu’on avait faites quand on était petit, des trucs qu’on songe à faire et des petit projets de tous les jours, de la soirée d’hier et de ce qu’on aime faire l’été prochain, juste des causeries d’amis et « bon, il faut qu’on aille, je t’appelle plus tard la nuit » et on oubliera d’appeler, c’est le quotidien qui nous emporte et des tas de trucs à faire et on n’arrête pas de penser de temps en temps à ces beaux moments et à ces beaux discours..
 
La nuit quand on s’apprête à dormir, on se rappelle de tout et on dit : " Tiens !! J’ai voulu lui raconter telle chose et j’ai oublié, demain je l’appellerai " et demain on oubliera encore..
 
A l’instant même où j’ai fini le dernier paragraphe, mon amie me téléphona :
-        Que fais-tu ? pourquoi tu ne dors pas ?
-        Je n’ai pas sommeil et j’écris un article pour le publier demain.
 
Je le lui ai lu..
-        Tiens, tiens !! Pour qui tu écris maintenant ?
-        Tu es jalouse maintenant ?
-        Oui sal con !! tu ne te rends pas compte !!
Et nous avons éclaté de rire..
 
 

Publié dans Tableaux

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A
En Amour, il n'y a que les commencements qui soient charmants; c'est pourquoi on trouve du plaisir à recommencer souvent.
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